Site officiel de l'Institut de la Citoyenneté

 





Le quotidien Midi Libre - Lundi 24 septembre 2018

Montpellier, "la ville de tous les Islams"


Réflexion. Alors qu'une réorganisation du culte est envisagée, les évolutions locales montrent sa complexité.
Une nouvelle organisation de l'Islam de France devrait apparaître avant la fin de l'année. C'est l'ambition du ministère de l'Intérieur et d'Emmanuel MACRON. Dans ce cadre, une réflexion a été menée dans chaque département. Elle offre l'occasion de revenir sur l'évolution du culte musulman dans la ville.
Un document de travail inspiré d'un ouvrage sorti en octobre 2017 sur le sujet (L'Islam est-il compatible avec une république laïque ? par Abdellah AJNAH) en soulève les spécificités locales, mais démontre combien l'Islam d'aujourd'hui, ici comme ailleurs, est divisé en une multitude de chapelles, rendant d'autant plus compliquée sa réorganisation. "La plupart des courants qui traversent, et souvent déchirent, l'Islam de France se retrouvent à Montpellier", résume cette note de synthèse.

1. De Georges FRÊCHE au bail emphytéotique
La construction récente de l'Islam montpelliérain s'est d'abord appuyée sur une originalité, voulue par Georges FRÊCHE : les Musulmans désireux de prier au sein d'une mosquée ont pu disposer. . . de locaux municipaux, au Petit-Bard d'abord, à La Paillade ensuite. Une entorse à la loi de 1901 mais qui permettait à l'élu et ses équipes de garder un œil à l'intérieur des lieux de culte... et d'éventuellement faire passer certains messages à caractère électoral.
Cette originalité -source d'insécurité pour les responsables des lieux- a été remise en cause par les maires Hélène MANDROUX, puis Philippe SAUREL, partisans d'une indépendance totale. Les deux grandes mosquées de la ville sont désormais propriétaires de leurs murs. Parallèlement à ce mouvement, les dernières années ont été marquées par une explosion des petites salles de prière soutenues par des initiatives privées, pour la majorité transparentes.

2. Des grandes mosquées aux petites salles
Récemment, Montpellier disposait de "cinq mosquées, douze salles de prière et un 'effervescent tissu associatif". Si celles du Plan-Cabanes (actuellement en travaux) et du Petit-Bard sont affiliées à la Grande mosquée de Paris, proche du pouvoir algérien, celle de La 'Paillade est rattachée au Rassemblement des musulmans de France, "une organisation à dominante marocaine". On recense ensuite la mosquée des Turcs (à Garosud) et celle des Cévennes, rattachée à l'Union des organisations islamiques de France (UOIF).
La grande salle ouverte par l'imam Mohamed KHATTABI (en conflit avec les services de l'État), le réaménagement de l'ancien McDo de La Paillade en un nouveau centre cultuel et le lieu de culte ouvert au Grand-Mail viennent compléter ce panorama. Selon les dernières informations, l'arrondissement de Montpellier, qui comprend Sète, compterait près de 24 sites d'accueil pour les Musulmans, dont certains ayant un caractère provisoire. Il est à noter que la fréquentation d'un lieu de culte particulier ne signifie pas nécessairement l'adhésion à la doctrine qu'elle représente et correspond souvent à des critères pratiques.

3. La première pratique religieuse de la cité
Selon les estimations, la population locale des Musulmans serait d'environ 50 000 personnes, ce qui fait de l'Islam la religion la plus pratiquée dans la ville. "À Montpellier, il y a plus de Musulmans pratiquants que de Chrétiens pratiquants. Alors que les églises sont peu fréquentées, les mosquées sont pleines", relevait Abdellah AJNAH dans son ouvrage. Environ une cinquantaine de personnes "franco-françaises" se convertirait chaque année.

4. Peu d'interactions sur le terrain politique
Même si la communauté est importante, il n'est pas approprié de parler d'un vote musulman. Par le passé, le mode de fonctionnement des associations cultuelles placées sous la tutelle du pouvoir municipal a favorisé des discours clientélistes mais sans que leur portée soit mesurée. La seule exception remonte aux législatives de 2002 et à l'élection surprise pour une poignée de voix de Jacques DOMERGUE (aujourd'hui LR) contre Georges FRÊCHE.
Des jeunes Musulmans pratiquants regroupés sous l'acronyme du Cri avaient alors mené une campagne contre le maire en place, vilipendé pour ses déclarations polémiques sur le port du voile. Au cours des dernières années, ce sont davantage des questions internationales, en lien avec le conflit au Proche-Orient et en Syrie, qui ont nourri les positionnements politiques de Musulmans montpelliérains. Jusqu'à l'exil pour une infime poignée d'entre eux.

Exil syrien : La Paillade aussi concernée que la ville de Lunel


Si l'ensemble des projecteurs nationaux s'est braqué sur la ville de Lunel, l'exil de jeunes, de familles musulmanes vers la Syrie et l'Irak a également concerné La Paillade. Et dans des proportions également importantes à l'échelle du quartier d'environ 25 000 habitants.
Ces départs ont notamment été confirmés par l'ancien préfet Pierre DE BOUSQUET DE FLORIAN, entendu par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale en mars 2015. Sur la centaine de départs alors recensée dans la région, une trentaine a eu lieu depuis ce secteur de Montpellier. "Ces groupes familiaux comprenaient 32 personnes, dont 16 mineurs et plusieurs femmes et l'on dénombre déjà deux morts dans leurs rangs", rapporte alors le haut fonctionnaire qui effectue une distinction avec le réseau marocain à l'œuvre à Lunel, même si des connexions ont pu exister.
L'exode de ces Musulmans montpelliérains, son organisation, sont imputés à un mouvement fondamentaliste discret mais bien actif : le Takfir. Le groupe, surnommé "les Takfirs de la Mosson", prône le jihadisme. Le réseau Takfir-wal-Hijra avait été identifié comme étant présent à Montpellier. Selon le préfet Pierre DE BOUSQUET, les familles étaient parties "autant pour vivre dans une "terre sainte" que pour participer au jihad" jusqu'à leur adhésion à Daech.
Selon un recensement, non démenti par les autorités, dix Montpelliérains seraient morts sur le théâtre de ces combats.

Guy TRUBUIL



"Des propositions qui sont intéressantes"


Avis. Abdellah AJNAH était l'un des participants à la réflexion héraultaise.

Que pensez-vous de cette consultation voulue par le ministère de l'Intérieur ?
C'est une bonne démarche. Il s'agit d'une concertation avec les Musulmans eux-mêmes, sans directive préalable. Des propositions ont été faites qui sont intéressantes. Le rôle du préfet n'était pas de proposer. Un rapport de synthèse doit être rédigé et transmis ensuite au ministère de l'Intérieur.

Quelles mesures souhaiteriez-vous voir reprises à Paris ?
L'idée de créer un conseil départemental du culte musulman à la place du conseil régional actuel. Cela assurerait plus de représentativité. La région n'est pas la bonne échelle, le conseil n'est pas au contact des Musulmans. Les gens invités à se prononcer étaient d'accord. Il y a ensuite l'idée d'impliquer beaucoup plus les femmes et les jeunes dans la gestion des associations cultuelles. Aujourd'hui, une seule femme est engagée dans l'Hérault, à l'aumônerie de Lapeyronie.
Il y a enfin la question du financement des lieux de culte et la réflexion portée sur l'institution d'une taxe sur les produits halals. . . même si l'État ne peut pas le faire.

- Accueil
Institut de la Citoyenneté


- Diana BOUAYAD AMINE

- Abdellah AJNAH

- À Propos de l'Islam

- À Propos du Christianisme

- À Propos du Judaïsme

- Introduction à la Cinquième République

- L'Islam et les Musulmans de France et d'ailleurs

- La peau et ses maladies

- La France

- Passeport pour la Citoyenneté

- Panorama des Institutions françaises et européennes

- Articles de presse


Autres liens



- Site officiel de Diana BOUAYAD AMINE

- Site officiel d'Abdellah AJNAH

- Site officiel de la Distinction universelle

- Site officiel de l'Œuvre universelle

- Site officiel du Fonds alimentaire

- Universal Food Fund

- Site officiel du livre Passeport pour la Citoyenneté

- Site officiel du Prix universel

- Universal Prize official website

- Site officiel du Manifeste universel